Beauté

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Interview de Julie Labelle, une nouvelle venue sur le marché de la beauté écoresponsable… à suivre de près !

Après avoir travaillé presque 10 ans dans l’industrie cosmétique, Julie Labelle, une des premières youtubeuse beauté de France, s’est décidé à créer sa propre marque de produits de beauté.

Désormais, Julie Labelle, avec sa marque éponyme, propose « une beauté clean, éco-responsable et made in France », avec des produits simples et adaptés à la routine maquillage de tous les jours. 

Nous avons discuté avec Julie de sa marque, de son parcours entrepreneurial et de ses projets à venir.

Par Carolina Ortiz Jerez
Pourrais-tu nous raconter comment est née Julie Labelle ?

Après avoir travaillé pour deux marques de l’industrie cosmétique en tant que « Chef de projet innovation » et « Responsable d’une unité maquillage » pour une marque de mode, j’ai décidé d’arrêter parce que je n’étais pas forcément en accord avec toutes les pratiques de l’industrie cosmétique.

À l’époque, je m’intéressais de plus en plus à ce qu´il y avait dans les produits que j’utilisais, et je n’étais pas forcément en accord avec tout ce que je voyais. Du coup, je ressentais vraiment un décalage entre mes valeurs et ce que je faisais au quotidien pour les entreprises.

C’est là que je me suis dit “à un moment il va falloir relier tout ça”, et je suis partie pour monter une marque avec laquelle je suis profondément alignée et où les valeurs sont les miennes.

Pourrais-tu nous expliquer quel est l’ADN de ta marque ?

Quand j’ai pensé la marque, je voulais vraiment quelque chose, qui à la fois répondrait à moi et mes besoins, mais en même temps, toucherait beaucoup plus de monde. Une marque qui pourrait plaire à toutes les femmes, à notre copine, à notre sœur, etc…

Je voulais aussi une marque qui soit hyper pratique et adaptée à la façon dont on vit aujourd’hui, avec une routine simple et des produits faciles à utiliser. C’est comme ça que j’ai pensé la marque Julie Labelle autour de produits multi-usagers.

Par rapport à tes années de youtubeuse, en quoi cette expérience fut-elle utile au moment de créer ta marque de cosmétiques ?

Avoir la communauté que j’ai aujourd’hui sur Instagram, a été un tremplin au moment du lancement, puisque j’avais une communauté qui était là pour recevoir le message, la marque, découvrir les produits, etc.

Tout ce qui a été création de la marque, développement produit, etc, c’est plus mon expérience professionnelle qui m’a aidé. 

Quand j’étais responsable innovation maquillage, j’avais énormément de contacts avec des laboratoires et j’ai pu apprendre beaucoup de choses par rapport à la fabrication.  Comprendre ce que les laboratoires me disaient au moment de la création des produits, m’a servi pour le lancement de la marque Julie Labelle.

Quelles sont tes inspirations au moment d’imaginer ou de créer un produit de maquillage ?

L’inspiration de base est une gestuelle que j’avais tendance à faire : utiliser mes rouges à lèvres pour me maquiller aussi les joues et les yeux. Jusqu’à ce qu’on me dise que le rouge à lèvres ne se mettait pas dans les yeux et que ce n’était pas très «safe».

Donc, j’ai créé un produit coloré multi-usager que je puisse appliquer sur les lèvres, les yeux ou les joues sans problèmes.

À ce moment-là, je n’ai lancé que trois teintes, parce qu’un développement de produit est très couteux quand on fait une formule sur mesure.

Ta marque Julie Labelle propose “une beauté en toute simplicité”. Pourquoi ce choix?

Simplicité pour plusieurs choses. Aujourd’hui, il y a beaucoup de gens qui n’ont pas envie de se prendre la tête. Le matin, il faut que ça aille vite, on est tous dans un rush permanent au quotidien, on cherche à gagner du temps. Pour moi, le maquillage ne doit pas être une contrainte, ça doit t’apporter un peu de joie, mais ce n’est pas censé être une routine hyper longue et contraignante. Du coup, pour moi c’était hyper important d’axer la marque sur la simplicité, notamment, sur le nombre de produits.

Au moment du lancement de ta marque, plusieurs personnes ont remarqué que les mannequins “souriaient”. C’était une volonté de ta part?

Complètement ! Un des trucs principaux que j’avais noté c’était que “je ne voulais pas de nanas qui fassent la gueule”. C’était écrit comme ça dans mon carnet.

J’étais fatiguée, aussi, par mon expérience dans le luxe, de cette beauté hyper froide, dans laquelle, je trouve qu’on ne se reconnaît pas. En tout cas, moi je ne me reconnaissais pas.

Les actrices sublimes dans les posters, elles sont très belles, ce n’est pas la question, mais je les trouvais très froides, et je trouvais que ça manquait de vérité. J’avais besoin de ramener de la vérité et pour moi, c’était très important d’avoir des gens qui soient heureux. Parce qu’en fait, le make-up, la beauté, sont censés nous faire du bien.

J’avais envie de montrer que la beauté c’est aussi l’envie de s’éclater, et du coup, d’avoir des nanas qui sourient.

Est-ce que tu penses que, le fait d’être une femme t’a fait réfléchir sur le fait que ta marque soit associée à la joie ? Parce que sur les visuels des marques qui sont dirigées par des hommes, les femmes ne sourient pas.

Je pense que ça aide. Ce que tu décris c’est un peu la femme objet qui est mise en avant par la communication. Des femmes froides, très belles, mais figées comme des objets. C’est peut-être une vision assez patriarcale. En tant que femme, j’ai envie de montrer qu’une femme n’est pas seulement une pub qu’on a l’habitude de voir.

Julie Labelle propose des produits “clean”. Pourrais-tu nous expliquer cette démarche ?

De par mon expérience, comme je travaillais avec des laboratoires, je voyais ce qu’on mettait dans les produits. Je m’intéressais de plus en plus aux compositions et je me suis rendue compte, que les composants des formules n’étaient pas sûrs pour notre santé.  

Je trouvais beaucoup d’alternatives pour le soin, mais pour le maquillage, il y avait très peu d’offre. Je me suis dit qu’il y avait un gros manque.

Comme je voulais construire une marque avec des formules clean, j’ai dit au laboratoire « voilà les 18 ingrédients principaux que je ne veux absolument pas dans mes formules ». C’est ce qu’on appelle en cosmétique la « blacklist », et chaque marque a sa propre définition du clean et du naturel.

On a retiré toutes les substances chimiques qui sont nocives pour la peau.

Chez-moi, les seuls ingrédients qui ne sont pas naturels sont les pigments, pour une raison simple. Certains pigments, notamment le rouge, est issue de la cochenille, qui est un petit insecte, et les méthodes de fabrication de ce pigment, ne sont pas trop éthiques, ce qui ne le fait pas du tout vegan.

Donc, je préférais faire un compromis en ayant juste du synthétique dans les pigments, pour qu’ils soient safes et le plus éthiques possibles. De plus, ils permettent d’avoir ces couleurs vives qu’on ne retrouve pas dans les marques traditionnelles.

Pour financer ta production, aujourd’hui plusieurs marques font appel à la précommande. Pourquoi t’es-tu penchée vers ce modèle et pas vers le crowfunding, par exemple.

Quand j’ai commencé, j’ai financé le projet en grande partie. J’ai mis tout mon argent et toutes mes économies pour financer le développement. Quand tu crées une marque de A à Z, il y a des investissements qui arrivent très tôt dans le processus de développement.

Il y a 2 ans, j’ai commencé à construire la marque. Et il fallait déjà sortir de l’argent pour payer des développements. Du coup, je ne pouvais pas attendre un crowfunding pour pouvoir faire entrer de l’argent dans la société. 

La précommande m’a permis de payer le reste de la production et les développements futurs qui arrivent là, à Noël.

Quels sont tes projets à court terme ?

Il y a pas mal de projets prévus. Cette fin d’année c’est tout autour du cadeau. C’est un produit que j’adore offrir pour Noël et que j’adore recevoir.

L’année prochaine, il y aura de nouvelles teintes de “La touche” et au minimum un produit par trimestre.

Où peut-on acheter tes produits ?

Sur mon site internet: www.julielabelle.co